[OPE-L:5502] Re: Toni Negri (french)

Ajit Sinha (ecas@cc.newcastle.edu.au)
Mon, 22 Sep 1997 01:09:20 -0700 (PDT)

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Could somebody put the gist of it and what the signatories are asking in
English. Whatever is going on, sounds terrible. Cheers, ajit sinha

At 06:03 19/09/97 -0700, you wrote:
>---------- Forwarded message ----------
>Date: Fri, 19 Sep 1997 13:28:41 +0200
>From: laurent@ecn.org
>To: aut-op-sy@jefferson.village.Virginia.EDU
>
>APPEL
> Liberté pour Toni NEGRI
> Pour en finir avec les années de plomb en Italie !
>
> Toni Negri est en prison à Rome depuis le 1° juillet 1997. Condamné
>de façon définitive à plus de 13 ans de prison, sans compter un dernier
>verdict en attente de cassation, il risque de voir sa détention se
>prolonger encore longtemps. Exilé en France depuis 1983, il est rentré de
>son plein gré en Italie avec la volonté de contribuer, par ce geste, à la
>résolution du problème des exilés et des détenus poursuivis ou condamnés
>pour des faits survenus au cours des " années de plomb ". Il demeure
>environ 180 personnes détenues dans les prisons italiennes à ce titre;
>quant aux exilés en France, il en reste environ 150.
> Professeur à l'Université de Padoue et philosophe mondialement connu,
>Toni Negri avait été incarcéré le 7 avril 1979; il était accusé "
>d'insurrection armée contre les pouvoirs de l'Etat " et pour donner corps à
>cette accusation énorme, il était présenté comme le véritable chef occulte
>des Brigades Rouges qui avaient enlevé et assassiné Aldo Moro, Président de
>la Démocratie Chrétienne. Negri a toujours nié cette accusation absurde
>dont a été au reste formellement acquitté. Son inculpation a été plusieurs
>fois modifiée. Après quatre ans et demi de prison préventive, il fut
>présenté par le Parti Radical comme député, et le suffrage universel le
>sortit de la prison. Lorsque la Chambre des Députés vota la levée de son
>immunité parlementaire à une courte majorité, il se réfugia en France. Les
>procédures engagées contre lui sous de multiples incriminations dans
>plusieurs procès aboutirent à sa condamnation, notamment à Rome sur la
>base des déclarations d'un " repenti " qui fut expédié en Amérique Latine
>dès l'ouverture du procès. Amnesty International avait dénoncé à l'époque
>les graves irrégularités juridiques qui avaient marqué son procès et celui
>de ses collègues de l'Université de Padoue. Durant son exil, Toni Negri a
>travaillé en France comme enseignant à l'Université de Paris VIII, au
>Collège International de Philosophie et comme chercheur en sciences
>sociales. Il y a publié de nombreux ouvrages.
> Du fait de sa notoriété, Negri est devenu la figure emblématique de
>l'extrême-gauche italienne des années soixante-dix. A partir de l'automne
>chaud en 1969, s'était ouverte en Italie une période de conflits sociaux
>exacerbés marquée par le rôle très ambigu de certains services de l'Etat
>dans ce qu'on a appelé la " stratégie de la tension ", c'est-à-dire la
>manipulation de groupes néo-fascistes responsables des massacres de Piazza
>Fontana et de l'attentat particulièrement meurtrier de la gare de Bologne.
>La radicalisation de la gauche extra-parlementaire et du mouvement social a
>conduit une frange importante de militants sur les chemins d'une violence
>diffuse et pour quelques uns de la lutte armée. Entre 1976 et 1980, des
>dizaines de milliers d'entre eux ont été poursuivis et plus de cinq mille
>personnes arrêtées. Des centaines de condamnations très lourdes ont été
>prononcées sur la base de plusieurs lois d'exception toujours en vigueur,
>dont principalement la loi dite des " repentis ". Elle fait des
>déclarations des " repentis " la base suffisante pour condamner ceux qu'ils
>impliquent et autorise la mise en liberté de condamnés pour crimes de sang
>et diverses mesures de " reclassement " par l'Etat pour prix de la
>délation. Autre loi d'exception : la durée de détention préventive a été
>portée, de manière rétroactive, à douze ans. Cette législation est
>radicalement incompatible avec les principes de l'Etat de droit et les
>règles minimales en matière de procédure pénale, telles qu'elles sont
>définies par les articles 5 et 6 de la Convention européenne des droits de
>l'homme et protégées par la Cour européenne des droits de l'homme. On peut
>estimer que c'est en raison du caractère éminemment contestable de cette
>législation que les démocraties voisines ont nourri de sérieuses réserves
>au point que le Royaume-Uni et la France n'ont pas donné suite, à de très
>rares exceptions près, à plus de soixante-dix demandes d'extradition
>présentées par les autorités italiennes, quelle que soit la majorité
>politique au pouvoir. Pour la même raison sans doute, les quelques cinq
>cents réfugiés accueillis en France au cours de ces années n'ont jamais été
>inquiétés. Insérés dans la société française par leur vie familiale, leur
>travail, ces réfugiés n'entendent pas compromettre leur avenir et la vie
>qu'ils se sont construite pour purger des condamnations vieilles d'un quart
>de siècle et prononcées dans les conditions que l'on sait.
>
> L'objet du présent appel ne peut en aucune façon être interprété
>comme une manière de cautionner rétrospectivement le comportement réel ou
>supposé, mais imputé aux personnes poursuivies ou condamnées pour des
>faits datant de ces années de plomb. Au demeurant l'attitude et les
>déclarations des réfugiés ou des personnes condamnées en Italie sont sans
>ambiguïté. Selon leur propres déclarations, la " guerre " est finie. " Il
>s'agit d'une histoire terminée ". Une démocratie digne de ce nom doit
>savoir tourner la page. Or, entre les exilés, les détenus, les personnes en
>semi-liberté, quatre cent personnes demeurent exclues de la vie civile. Un
>problème de cette dimension ne saurait être réglé convenablement au cas par
>cas. C'est pourquoi dans l'attente d'une vraie solution en Italie qui n'a
>que trop tardé, les réfugiés doivent voir leur situation régularisées dans
>leur pays d'asile.
>
> Un projet d'indulto (remise de peine votée par le parlement)
>déposé depuis neuf ans, n'est toujours pas voté. Sans être négligeable,
>un tel projet ne résoudrait pas le problème des réfugiés. La seule
>solution pour Toni Negri et ses compagnons d'infortune, c'est une loi
>d'amnistie. Or, la seule amnistie votée en Italie le fut en 1946, à
>l'initiative de Togliatti et elle concernait les fascistes. En revanche,
>pour des faits liés à la guerre d'Algérie et d'une gravité au moins
>équivalente à ceux des années soixante-dix en Italie, la France a accordé
>l'amnistie aux insoumis, aux " porteurs de valise " mais aussi aux membres
>de l'OAS.
> Attachés aux principes de l'Etat de droit et au rétablissement des
>droits de l'homme partout et pour tous ceux qui en ont été privés, à
>l'heure où l'Italie intègre l'Europe de Schengen, nous demandons instamment
>aux parlementaires italiens de répondre favorablement à cet appel à la
>clémence en adoptant une loi d'amnistie dans les plus brefs délais. Nous
>invitons également tous les parlementaires de l'Union européenne à
>effectuer les démarches appropriées auprès des autorités italiennes
>compétentes pour accélérer la remise en liberté de Toni Negri. S'il a
>symbolisé une époque, sa liberté en symboliserait une autre, plus heureuse
>et apaisée. Enfin, en abrogeant un arsenal de lois d'exception
>incompatibles avec la Convention Européenne des droits de l'homme, l'Italie
>honorerait son ancrage résolu dans l'Europe.
>
>
>Pétition associée au texte de l'appel
>
>Après en avoir pris connaissance, nous nous associons à l'appel en faveur
>de la mise en liberté de Toni Negri, pour en finir avec les années de
>plomb en Italie .
>
> Toni Negri était en France depuis 14 ans. Il s'y était réfugié en
>1983, après quatre ans et demi de prison préventive. Il est retourné
>volontairement en Italie où il a été condamné à des peines de prison pour
>des raisons éminemment politiques à partir d'un arsenal de lois d'exception
>(lois des repentis, détention préventive de 12 ans) qui sont incompatibles
>avec la Convention européenne des droits de l'homme.
> Il est en prison depuis le premier juillet 1997 et sa mise en
>liberté (ne serait-ce qu'une semi-liberté) n'est toujours pas intervenue.
> Quatre cent personnes sont encore exclues de la vie civile en
>Italie pour des incriminations politiques qui remontent à près de 20 ans.
>Plus de 150 réfugiés italiens en France ne veulent pas détruire leur
>insertion pour purger des peines prononcées à partir de lois
d'exceptionLes autorités européennes de droite ou de gauche, ne les ont pas
extradés.
>C'est dire ce qu'elles pensent sotto voce de cette législation.
> La violence diffuse des luttes sociales sur laquelle s'est greffé
>le "terrorisme" italien est une affaire terminée depuis longtemps. Quelle
>démocratie peut prétendre appliquer à l'encontre de condamnés politiques,
>une législation plus sévère que pour les détenus de droit commun, vingt ans
>après les faits incriminés ?
> La mise en liberté de Toni Negri doit ouvrir enfin la voie d'une
>amnistie qui n'a que trop tardé. Seule l'abrogation de lois d'exception et
>le vote d'une loi par le parlement italien en finiraient vraiment avec les
>" années de plomb ". Tant que ces conditions ne sont pas réunies nous
>souhaitons aussi que les pays de l'Union Européenne garantissent le séjour
>des exilés italiens. Nous demandons enfin aux parlementaires des autres
>pays de l'Union et à ceux de l'Assemblée de Strasbourg d'effectuer toutes
>les démarches allant dans ce sens.
>________________________________________________________
> Nom Fonction ou titre Adresses Tel. fax. ou e-mail
> Signature
>________________________________________________________
>Parmi les premiers signataires de cet appel:
>
>E. Balibar (philosophe), J.L. Benhamias (Secrétaire général des Verts),
>O.Bétourné (Editions Fayard), Ch.Bourgois (éditeur), P.A. Boutang
>(producteur-réalisateur), R. de Ceccatty (écrivain), G. Châtelet
>(mathématicien), M. Chemillier-Gendreau (juriste), R.Debray (écrivain), C.
>Dolto-Tolitch (médecin), V.Forrester (écrivain), S. Gisselbrecht
>(Inserm),G. Kejman (avocat), A.Lipietz (économiste), B. Marger (Cité de la
>Musique), J.F. Masson, (médecin), F. Matta (artiste), G.Perault,
>(écrivain), M.Plon (psychanalyste), A. Querrien (urbaniste), J. Rancière
>(philosophe), E.Roudinesco (écrivain), S. Silberman (producteur), Ph.
>Sollers (écrivain), G. Soulier (juriste), I. Stengers (philosophe).
>Le Comité de rédaction de la Revue Futur Antérieur
>
>Signatures à adresser à Yann Moulier Boutang fax: 01 45 41 53 91 ou
>E-mail: <Yann.M.Boutang@wanadoo.fr>
>
>