Entretien avec Koleman Strumpf, docteur en économie diplômé de l'Université de Stanford, auteur avec F. Oberholzer d'une étude visant à quantifier l'impact du téléchargement gratuit de fichier audio sur les ventes de disques. Strumpf et Oberholzer démontent l'apparente logique du lien de cause à effet et provoquent les grandes maisons de disques. De l'utilité de la recherche publique indépendante…
C: Comment avez-vous eu l'intuition que le partage de fichier n'était pas la cause de la baisse de ventes de disques? KS: Selon la RIA (2002), les ventes de disques ont diminué de 15% entre 2000 et 2002, mais elles avaient continué à augmenter pendant les 2 premières années de popularité du téléchargement gratuit de fichiers (cf. Napster). Cependant, le partage de fichier permet de découvrir de nouveaux artistes et de se renseigner sur eux. En outre, les vidéos, les logiciels et les jeux sont aussi activement téléchargés, et les ventes continuent de grimper. C: En gros, sur quelles techniques sont basées vos évaluations? KS: Cette étude est basée sur le partage réel de fichier, pour établir l'impact du téléchargement sur les ventes. Nous avons travaillé sur un nombre important de données, qui représentaient 0.01% des téléchargements mondiaux du dernier trimestre de 2002, uniquement sur les USA. Nous répertorions les téléchargements de fichiers audio et on les mettait en parallèle avec les ventes des disques correspondant sur la semaine. C: Et quels sont les résultats? KS: Nos résultats prouvent que le partage de fichier n'a qu'un effet limité sur les vents de disque. Lorsqu'on a supprimé tous les biais (congestions du réseau, vacances scolaires...), on trouve que l'effet est très proche de 0. Nous avons cependant trouvé que l'impact pouvait être différent suivant les catégories de disques. Par exemple, les albums qui se vendent bien profitent du partage de fichier! Seuls les artistes les moins populaires peuvent être impactés négativement, mais cet impact est vraiment loin d'être significatif. C: Il est pourtant évident que les ventes de disques diminuent, selon vous, quels peuvent être les causes? KS: Ce n'est pas vraiment le sujet de notre étude, mais on peut avancer les conditions macroéconomiques assez pauvres, la réduction du nombre de sorties d'albums, la concurrence d'autres formes de loisirs comme le DVD, les jeux vidéo, une réduction de la variété musicale, ou un mouvement à l'encontre des pratiques parfois peu appréciées des maisons de disque. C: Votre étude est-elle reconnue aujourd'hui? KS: Pas vraiment sûr (je rougis), mais beaucoup de monde en parle sur Internet C: Votre papier est-il accepté pour une conférence, ou pour une revue? KS: Ce papier en encore en phase de relecture et il sera soumis l'année prochaine. C: Avez-vous eu des pressions des maisons de disques? Non, excepté pour un combat diffusé par les médias. C: Est-ce que certains artistes supportent vos travaux? KS: Pas vraiment, mais beaucoup d'artistes comme Chuck D de Public Ennemy ou Janis Ian sont des fervents défenseurs du partage de fichier.
Pour les plus courageux, l'étude est disponible sur le site de
Koleman : Cé |
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